
Marin Marais
31 mai 1656 - Paris (France) — 15 août 1728 - Paris (France)
Biographie
Marin Marais est un musicien et compositeur français du 17e siècle. Il naît le 31 mai 1656 à Paris, rue Mouffetard, où son père exerce le métier de cordonnier. L’oncle de Marin, Louis Marais, est vicaire à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois de Paris. Ce dernier fait entrer le jeune garçon âgé de 11 ans dans la maîtrise de l’église, où il est enfant de chœur jusqu’à l’aube de ses 16 ans, en 1672. C’est également dans ce cadre que le jeune Marin découvre l’instrument qu’est la viole de gambe. Sa mue vocale l’empêchant de poursuivre le chœur, il se tourne vers la pratique de celui-ci et se forme notamment auprès de Jean de Sainte-Colombe père, compositeur et violiste français émérite.
Au bout de six mois à peine, Marin fait preuve d’une grande virtuosité et son maître le congédie. En 1676, sa dextérité et ses qualités musicales lui permettent d’être reçu à l’Académie Royale de Musique (l’équivalent de l’actuel Opéra de Paris) au pupitre de gambiste. Il y est dirigé par le compositeur Jean-François Lalouette, dont le maître est Jean-Baptiste Lully, également directeur de l’Académie et surintendant de la musique du roi Louis XIV. Ce poste de musicien est essentiel dans la formation de compositeur de Marin Marais car il y découvre de nombreuses pièces instrumentales de la musique baroque mais surtout le style de Lully, qui restera une référence pour ses propres œuvres, et les ouvrages lyriques. Trois ans plus tard, en 1679, Marin Marais est nommé Ordinaire de la Musique de la chambre du Roi.
La même année que son entrée à l’Académie Royale, Marin Marais épouse Catherine d'Amicourt. Son mariage dure 53 ans et aurait donné naissance à 19 enfants, bien que 13 soient mentionnés dans les livres d’histoire, dont 9 auraient atteint l’âge adulte.
Le gambiste trentenaire débute ses premières compositions avec la publication du Premier Livre pour Pièces à Une et Deux Violes en 1686, composé de 93 pièces pour un ou deux instruments et basse continue. Il dédie ces premières pièces à son maître musical, Lully, dont l’inspiration est évidente, et démontre un talent prometteur pour la composition et la pédagogie.
La mort de Lully l’année suivante permet à Marin Marais d’affirmer un peu plus son style, bien que toujours empreint du style de l’Académie. Marais se produit notamment à la cour lors de festivités et y joue certaines de ses œuvres pour diverses formations. Il s’essaye également au genre de la tragédie lyrique avec son premier succès, Alcide, en 1693, avec l’aide du fils de Lully, Louis, et un livret de l’auteur Jean Galbert de Campistron.
En 1701, le dauphin Louis de France, aîné des six enfants du roi Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse d’Autriche, est souffrant. Une cérémonie religieuse et musicale est organisée pour sa guérison. La direction est attribuée à Marin Marais, qui fait jouer deux motets de sa composition aux quelques 250 musiciens et chanteurs. La grandeur de l’évènement couplé au rétablissement du dauphin le fait nommer chef d’orchestre permanent de l’Académie Royale, trois années plus tard. En 1706, il y crée Alcyone, tragédie en musique en un prologue et cinq actes, œuvre qui demeure l’une des plus plébiscitées du compositeur.
Marin Marais s’illustre également dans l’enseignement de la viole de gambe et fait preuve d’une pédagogie admirée, ce dont témoignent les livres de pièces pour l’instrument qu’il a publiés. Il poursuit ses activités de musicien et chef de l’Académie et de musicien du Roi dont il se décharge d’une partie en faveur de son fils aîné. La mort du roi en 1715 et la mise en lumière de musiciens dont des gambistes également virtuoses, mettent peu à peu fin à sa carrière de musicien royal, après près de 40 ans à la fois à l’Académie et à la cour.
Il meurt le 15 août 1728 à Paris, à l’âge de 72 ans.
L'œuvre de Marin Marais
Marin Marais obtient dans un premier temps sa renommée grâce à son talent en tant que gambiste. L’essentiel de ses compositions sont ainsi dédiées à son instrument, pour lequel on dénombre près de 600 pièces pour viole. L’essentiel est contenu dans les cinq recueils de suites et pièces pour une, deux ou trois violes et basse continue, publiés respectivement en 1686, 1701, 1711, 1717 et 1725. La grande quantité d’œuvres publiées de son vivant participe également de sa notoriété.
Outre son instrument de prédilection, Marin Marais est l’un des premiers à avoir composé pour une formation en trio, tel que les Pièces en trio pour flûtes, violon et dessus de viole, publiées en trois parties, dont une pour le continuo en 1692.
La renommée du compositeur est due à ses succès lyriques, qui sont au nombre de quatre : Alcide (1693), Ariane et Bacchus (1696), Sémélé (1709) et Alcyone. Ce dernier, créé en février 1706, est un succès immédiat, repris cinq fois jusqu’en 1771 à Paris. Le livret du dramaturge Antoine Houdar de La Motte s’inspire du couple mythologique de Ceix et Alcyone. La partition défend le style du compositeur, bien qu’imprégnée du style lullien et des codes de la tragédie lyrique de l’époque. Les tessitures se dessinent avec les terminologies françaises baroques : dessus, haute-contre, taille, basse-taille.
Marin Marais se distingue en outre par ses musiques à la fois descriptives et de caractère. « La Tempête » (Acte IV, Scène 4), extraite de son succès lyrique, illustre par la musique la tempête à laquelle sont confrontés les matelots dans l’argument. Outre les jeux expressifs, il fait intervenir des instruments singuliers, particulièrement appréciés à la période baroque, tels que la machine à vent. De même, « Le Tourbillon », extrait du Quatrième Livre, se distingue par la virtuosité des gammes jouées par la viole de gambe.
La redécouverte de Marin Marais au 20e siècle
Bien qu’apprécié et jouissant d’une certaine renommée de son vivant, les compositions de Marin Marais tombent vite en désuétude, notamment du fait de la mort du roi Louis XIV, puis l’arrivée au pouvoir de Louis XV et l’entrée en scène de Rameau.
Ce n’est qu’au 20e siècle que le répertoire de Marin Marais et le musicien lui-même recouvrent un peu de notoriété, en particulier grâce à la littérature d’abord puis au cinéma. Le roman de Pascal Quignard, Tous les matins du monde (1991), adapté au cinéma par Alain Corneau la même année, met en scène les rapports entretenus entre le jeune musicien et son premier maître de musique, monsieur de Sainte-Colombe. Succès mondial primé, le film a grandement contribué à mettre en lumière la vie du musicien et ses compositions, ainsi que la viole de gambe et enfin le répertoire baroque de manière plus générale.
Jordi Savall, chef d’orchestre chargé de la musique du film et lui-même gambiste, a notamment participé à la reconnaissance du compositeur : programmation, enregistrements, et aussi production d’Alcyone à l’Opéra-Comique en 2017.