compositeur

Pietro Mascagni

7 décembre 1863 - Livourne (Italie) — 2 août 1945 - Rome (Italie)

Biographie

« La musique doit être l’expression de la vérité, sans artifices ni compromis. »

Ces mots de Pietro Mascagni nous éclairent sur l’approche musicale originale de celui qui fut d’abord un jeune compositeur inconnu et désargenté, projeté en quelques jours dans la lumière avec son opéra Cavalleria rusticana. Ce véritable chef-d’œuvre exprime la quintessence du courant vériste avec un talent surprenant et fait date, encore aujourd’hui, dans l’histoire de l’opéra italien. Découvrez-le, ainsi que de nombreuses autres productions du compositeur italien, sur medici.tv !

Pietro Mascagni naît le 7 décembre 1863 à Livourne, en Italie. Fils de commerçant, il se tourne rapidement vers la musique, contre l’avis de son père. Il débute ses études à l’âge de 13 ans au Conservatoire de Milan, aux côtés d’un autre illustre élève, Giacomo Puccini. Peu discipliné, Mascagni n’obtient pas son diplôme et décide de prendre la tête d’une petite troupe d’opérette. Il s’installe avec sa femme à Cerignola et mène dans la pauvreté une vie pourtant heureuse. L’année 1889 marque un tournant décisif dans sa carrière : à 26 ans, Mascagni écrit en vingt jours son premier opéra, Cavalleria rusticana. L’opéra gagne un premier concours, puis est créé à Rome la même année, où il obtient un succès hors du commun. Cavalleria rusticana marque ainsi une étape fondamentale dans l’histoire de l’opéra italien, en même temps qu’il propulse son auteur au rang des compositeurs à suivre.

Malgré de grands succès comme L'amico Fritz (1891) et Iris (1898), Cavalleria rusticana demeure l’œuvre la plus plébiscitée du compositeur, à tel point qu’elle éclipse le reste de sa production, pourtant riche, sur les scènes internationales. En son temps, néanmoins, les propositions artistiques de Mascagni sont toujours très bien reçues du public comme de la critique. Certains de ses opéras lui valent des succès phénoménaux et son style, sensiblement distinct de celui de ses confrères compositeurs, le rend partout reconnaissable.

Fort de ce succès, Mascagni collabore avec d’autres grands noms de la musique italienne de l’époque, comme le librettiste Giovanni Targioni-Tozzetti. Il poursuit en parallèle une carrière internationale de chef d’orchestre aux États-Unis et en Europe. C’est à lui que revient l’honneur de prononcer, en 1924, l’éloge funèbre de son ami Puccini. Il est aussi un éminent professeur et a pour élève Edward Kilenyi, lui-même futur professeur de composition de George Gershwin.

L’automne de la vie du compositeur est terni par des choix politiques contestables. Proche de Benito Mussolini, ce dernier fait de lui l’un des premiers membres de son Académie d’Italie par décret. Mascagni meurt à Rome en 1945, dans une Italie défaite, quatre mois après le décès du Duce.

Mascagni et le vérisme

À la fin du 19e siècle en Italie, un nouveau courant artistique émerge, en réaction notamment aux grands idéaux romantiques qui dominent jusque-là le paysage artistique. À l’inverse de l’artiste romantique, qui exalte en musique l’individu et ses passions, l’artiste vériste cherche à traduire un autre type de tragédie humaine, qui relève des domaines de l’intime et du quotidien. Le style est réaliste, souvent brut. On y dépeint la vie telle qu’elle est, avec ses drames et ses souffrances. L’opéra constitue un support artistique idéal pour le vérisme, en permettant la mise en scène de sujets variés, tirés de la vie quotidienne, souvent centrés sur les classes populaires et les conflits émotionnels violents.

Mascagni incarne pleinement ce mouvement avec l’écriture de Cavalleria rusticana. En un seul acte, l’opéra nous plonge dans une histoire passionnelle où amour, jalousie et vengeance s’entremêlent dans le décor pittoresque d’un petit village sicilien. L’intensité dramatique et la simplicité des personnages permettent au public de s’identifier instantanément. Mascagni réemploie des mélodies populaires et des éléments traditionnels venant accentuer le réalisme des scènes.

Le style de Mascagni se caractérise par une grande économie de moyens et une capacité à distiller des émotions puissantes à travers des motifs musicaux finalement assez simples. L’utilisation de l’orchestre comme miroir des états d’âme des personnages est une autre spécificité du vérisme, et Mascagni excelle dans ce domaine, notamment dans les passages orchestraux qui soulignent les drames intérieurs des protagonistes.

Cavalleria rusticana a souvent été comparé à l’opéra I Pagliacci de Leoncavallo. Leur identité profondément vériste dans le style comme dans les thématiques abordées en font deux œuvres phares de ce mouvement, souvent identifiées l’une à l’autre. Tandis que Cavalleria rusticana met en scène une passion destructrice dans un cadre rural, I Pagliacci de Leoncavallo place son intrigue au sein d’une troupe de théâtre ambulante. Il introduit l’idée d’un théâtre dans le théâtre qui décuple l’effet tragique de l’opéra en brouillant les pistes entre réel et fiction. Leoncavallo comme Mascagni ne perd pourtant jamais de vue l’importance de la vraisemblance et propose un contexte social plausible, celui des artistes ambulants, dans lequel les sentiments des acteurs se distinguent de moins en moins de ceux de leurs personnages.

Pietro Mascagni sur medici.tv

medici.tv offre un accès à diverses performances de Cavalleria rusticana, mais aussi d’autres œuvres de Mascagni, permettant une immersion totale dans l’univers du compositeur. Ces représentations, souvent filmées dans des lieux prestigieux comme le Teatro alla Scala de Milan ou le Teatro di San Carlo de Naples, apportent une nouvelle dimension à l’écoute de ses opéras, en version de concert comme au milieu des décors. Écoutez par exemple la Cavalleria donnée dans le cadre du Festival de Salzbourg 2015, avec Jonas Kaufmann dans le rôle-titre de Turiddu. Le réalisme de la mise en scène y fait un écho très actuel à l’identité vériste de l’opéra et la qualité des voix transmet avec beaucoup de vérité les émotions intenses dont regorge la partition.

Pour aller plus loin dans la découverte des œuvres de Mascagni, vous pouvez également écouter un air de l’opéra Le Maschere interprété dans le cadre de la finale du Concours de Genève 2024. Saviez-vous que sa création s’était effectuée simultanément dans six lieux différents le même soir ? À Rome sous la direction de Mascagni lui-même, mais aussi au Teatro alla Scala sous la direction d’Arturo Toscanini, au Gran Teatro La Fenice de Venise, au Carlo Felice de Gênes, au Teatro Regio de Turin et au Teatro Filarmonico de Vérone !

Enfin, il est passionnant de découvrir, présentés dans une même soirée, les deux opéras phares du vérisme, I Pagliacci et Cavalleria Rusticana au Teatro Real de Madrid, avec Giancarlo del Monaco à la mise en scène et Jesus Lopez Cobos à la direction. Cette production, gentiment surnommée « Cav’Paill » parce qu’elle réunit à la scène les deux grands représentants du vérisme, a reçu les éloges de la critique et du public et démontre toute l’actualité des pièces des véristes italiens. L’intrigue est facilement transposable et l’expression des émotions, des troubles et des angoisses des personnages restent d’une imperturbable actualité.

Événements passés

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