Un homme de défi

Un homme de défi

Nombre d’entre nous avons déjà fait face au terrible « syndrome de la page blanche », qui métamorphose la liberté en un véritable obstacle à la créativité que l’on ne saurait franchir, de manière paradoxale, qu’en s’imposant des contraintes… Ravel aimait les défis, et plusieurs de ses œuvres majeures constituent la preuve que les limites que l’on se fixe peuvent être un terreau fertile à l’épanouissement du génie. Le Boléro est le spectaculaire résultat d’un exercice de répétition sans développement ; le Scarbo du triptyque Gaspard de la nuit a été composé dans l’intention clairement énoncée de concevoir une pièce plus difficile encore qu’Islamey de Balakirev ; et dans le Concerto pour la main gauche, commandé par Paul Wittgenstein après l’amputation de son bras gauche, Ravel « parvient à donner un volume orchestral aux sonorités du piano et obtient plus avec cinq doigts que d’autres avec toutes les voix de l’orchestre » (Vladimir Jankélévitch)…