Salomé dévoilée

Drame en un acte d'après la pièce d'Oscar Wilde, Salomé est créé pour la première fois en 1905 à la Hofoper de Dresde. C'est un succès flamboyant pour le compositeur allemand, qui y met en musique dans une orchestration raffinée et puissante le mythe de la princesse de Judée, qui suscite chez les artistes de l'époque une fascination sans pareil. En incarnant la femme « naturelle, c'est-à-dire abominable », selon les mots de Baudelaire, elle devient un symbole de décadence.

Salomé, fille de l'épouse en secondes noces du tétrarque de Galilée Hérode, se prend de désir pour le prophète Jochanaan, malgré les interdits imposés par son beau-père. Le jeune homme la maudit et la repousse. Hérode, fasciné par la beauté dangereuse de la princesse, lui fait la promesse de satisfaire toutes ses volontés en échange d'une danse. Après s'être exécutée avec volupté, elle réclame naïvement la tête de Jochanaan sur un plateau d'argent. Nulle richesse offerte par le tétrarque, consterné, ne la fera changer d'avis. En possession de la tête ensanglantée du prophète, la cruelle l'embrasse dans une passion proche de l'hystérie. Horrifié, Hérode la fait tuer.

Dérangeante, abominable et érotique, cette histoire est sublimée dans cette création par la performance de la soprano bulgare Alex Penda. Vêtue par Christian Lacroix dans une mise-en-scène de Vincent Broussard, elle incarne avec une grande sensibilité la Salomé de Strauss. Ce documentaire, filmé sur scène et en répétitions au Theater St. Gallen, offre une vision nouvelle de ce chef-d'œuvre en explorant le processus de création jusqu'à voir émerger, sur scène, la facette la plus sombre de l'âme humaine. Il fait partie de la sélection officielle du Festival International du Film sur l'Art (FIFA) 2014 de Montréal.