Casting
Christian Vander — Bandleader, batteur, chanteur
Isabelle Feuillebois — Chanteur
Hervé Aknin
Benoît Alziary — Chanteur
Pierre Latute — Tromboniste
Illyes Ferfeira — Saxophoniste
David Mimey — Saxophoniste
Programme
Unique en son genre, Magma est un groupe qui a été conçu en 1969 par Christian Vander comme la « vision de l'avenir spirituel et écologique de l'humanité ». Batteur français de formation classique, Vander a tenté de produire avec Magma la force la plus créative du monde musical, et il se pourrait bien qu’il ait réussi. Leur premier album, « Kobaïa », a donné le ton, décrivant l'exode massif de personnes fuyant une Terre condamnée. Connus sous le nom de Kobaïens, ces réfugiés chantent dans leur propre langue, créée par Vander à partir de racines lexicales slaves et germaniques, et jouent une nouvelle forme complexe de rock progressif, appelée « Zeuhl ».
Au-delà des classifications, la musique de ce groupe est marquée par toutes sortes d’influence : jazz, classique, opéra, hard rock, avant-garde… C'est un chaudron débordant de sonorités aussi libres que les histoires auxquelles elles renvoient. Ici, lors de ce remarquable concert 2018, deux titres suffisent à ébahir le public. Le premier est un conte épique en cinq parties, Ëmëhntëhtt-Ré, racontant l'histoire d'une personne née avant l'avènement de l’humanité, « au cœur des nébuleuses, nourrie de lueur minérale, et chevauchant des cryptes coiffées d'une voûte cosmique ». Le second titre, Ëhn Deïss, est considéré comme l’une des compositions les plus puissantes et les plus mémorables de Vander.
Intimidante d’aspect, Ëmëhntëhtt-Ré nous invite à un voyage musical grandiose mais sans accrocs, au cours duquel chaque étape est bien amenée, chaque note est nécessaire. Bien qu’il s’agisse en réalité d’un assemblage de compositions plus anciennes revisitées dans une version étendue, cette œuvre à l’aura mythologique présente une cohérence telle qu’on croirait qu’elle a toujours existé d’un bloc. Le jeu de batterie de Christian Vander est d’une richesse et d’une expressivité extraordinaires. Jamais la puissance ne prend le pas sur la subtilité, jamais la vitesse sur la précision et le contrôle. À chaque nouvelle écoute, ce sont de subtiles nuances de caisse claire et de grosse caisse que l’on découvre. La basse hypnotique et ronflante propulse le tout tel un moteur, nous faisant vibrer tout au long du voyage. Les sons du clavier Rhodes et du vibraphone se marient à merveille et les motifs mélodiques qu’ils répètent créent un effet hypnotique. Les solos de guitare sont d’une grande expressivité. Quant au chant en kobaïen, tout étranger qu'il résonne à nos oreilles, il suscite un torrent d’émotions tant Vander et ses choristes les interprètent avec authenticité et passion, dans une performance digne d’un opéra, qui nous rappelle que la musique est un langage universel.
Originalité et pureté de l'expression… Vander a un jour dit à propos de Magma : « [le groupe] devait exister, et si ce n’était pas moi qui l’avait créé, un autre l’aurait fait. » Pourtant, il se peut bien que Vander soit le seul capable de donner naissance à une telle créature.