Roland Kirk en direct de Paris

On a souvent associé une image excentrique à Rashaan Roland Kirk : celle d’un aveugle maîtrisant de trois instruments en même temps, aux solos pleins d'humour et aux discours engagés. Dès son plus jeune âge, il propose du nouveau – à 15 ans, il était sur la route pour jouer avec le groupe de Boyd Moore, enflammant la scène chaque soir avec ses solos virtuoses. Il gagne ainsi sa place au panthéon de l'histoire du jazz, par une sensibilité indubitable et un travail de longue haleine. Avec un timbre musclé et audacieux, Kirk apparaît comme un peintre aventurier de paysages sonores exotiques.

Ici à Paris, il est rejoint par la stellaire Vibration Society pour un concert qui représente un tournant clé dans la formation de son style. 1970 est l'année où il accole « Rashaan » à son nom après avoir entendu en rêve ce mot qui symbolisait ses propres valeurs (force, humour, noblesse) ; c’est aussi l’année où il commence à s’engager politiquement. Au milieu des années 70, sa santé se détériore et une série de crises l’éloigne de la scène pour de bon. Cette performance commence par « Sweet Fire », une épopée onirique où se mêlent le souffle brûlant des profondeurs et une forme de légère félicité, et se termine par une interprétation de « Say A Little Prayer », une chanson immortalisée par la grande Aretha Franklin.