La Ville morte, op. 12

Die tote Stadt (La Ville morte) de Korngold, chef-d’œuvre d’un jeune prodige

Die tote Stadt (La Ville morte, en français) est un opéra d’Erich Wolfgang Korngold. Compositeur autrichien au succès aussi précoce que phénoménal (ses deux premiers opéras, Violanta et L’Anneau de Polycrate, sont créés à Vienne en 1916, alors qu’il n’a que 19 ans), il s’inspire du drame Le Mirage de l’auteur belge Georges Rodenbach, une pièce de théâtre basée sur le roman Bruges-la-Morte du même auteur, et imagine une première trame avant de confier l’élaboration du livret à Hans Müller puis à son père, lui-même compositeur, Julius Korngold (qui écrira sous le pseudonyme de Paul Schott). D’ailleurs, ce sujet inspira même Puccini, qui songea lui aussi à en faire un opéra ! Korngold soumet la partition à plusieurs théâtres, et deux illustres institutions l’acceptent : l’Opéra de Cologne et le Théâtre de Hambourg. Die tote Stadt est créé sur ces deux prestigieuses scènes le même jour, le 4 décembre 1920, et convainc immédiatement le public par son écriture virtuose, riche, contrastée, qui fait un merveilleux usage de la technique du leitmotiv et offre aux solistes de nombreuses occasions de briller. Die tote Stadt sera repris une trentaine de fois en Europe et aux États-Unis dans les années suivantes.

Un récit de deuil et de rédemption

Die Tote Stadt (La Ville morte) est un opéra en trois tableaux. L’intrigue se déroule à Bruges, une ville mélancolique et pleine de souvenirs. Le personnage principal, Paul, est dévasté par la mort de sa femme bien-aimée, Marie. Il vit entouré de reliques et de souvenirs d’elle, notamment une chambre-sanctuaire qu’il garde intacte. Un jour, il rencontre Marietta, une danseuse qui ressemble étrangement à Marie. Fasciné par cette ressemblance, Paul est tiraillé entre son amour pour le souvenir de Marie et son attirance pour Marietta. Marietta, vive et sensuelle, représente la vie et le désir, en contraste avec l’image idéale et figée de Marie que Paul chérit. Il commence à la voir comme une réincarnation de sa femme défunte, ce qui le plonge dans un conflit intérieur intense. Les frontières entre réalité et hallucination deviennent floues. Paul vit des visions où son obsession pour le passé et sa culpabilité prennent vie. Dans une scène onirique violente, il croit étrangler Marietta avant de se réveiller et de réaliser que tout n’était qu’un cauchemar. À la fin, Paul comprend qu’il doit faire le deuil de Marie et renoncer à son passé pour pouvoir avancer. Marietta réapparaît brièvement, indifférente à son tourment intérieur, et s’en va. Paul quitte la maison hantée par ses souvenirs, décidé à reconstruire sa vie…

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