Hammer d'Alexander Ekman, musique de Mikael Karlsson

Sur la scène de l’Opéra de Göteborg, recouverte pour l’occasion d’une gigantesque photo en noir et blanc, un danseur tout de beige vêtu s’avance vers ce qui semble être une boîte en lévitation, prise au piège dans le néant abyssal des ombres qui entourent le plateau. Il y dépose ce qu’il tient entre ses mains : un imposant marteau orange, qui, une fois posé, semble retrouver son perchoir initial.

À travers Hammer, Alexander Ekman exploite l’idée d’un ordre naturel supérieur à l’Humanité, un système qui nous contraint à aller toujours plus avant vers des enjeux et des comportements qui nous dépassent. Une réflexion profondément humaniste qui nous emmène dans un voyage à travers les décennies et les idéaux : de l’altruisme utopique des années 1960 à la culture égocentrique qui accompagne notre ère numérique. Venus de vingt pays différents, les vingt-huit danseurs de la Göteborgsoperans Danskompani nous content l'histoire d’une communauté harmonieuse, aux valeurs épicuriennes, qui sombre peu à peu vers l’égoïsme et l’individualisme, à mesure que se développe l'hyper-surveillance des êtres propre à nos décennies modernes.

© Lennart Sjöberg