Rudolf Noureev dans son propre Don Quichotte, d’après Marius Petipa, musique de Léon Minkus

1973, dans un entrepôt abandonné non loin de Melbourne, qui aurait pu se douter que l’un des plus grands noms du ballet moderne était en train d'immortaliser son prochain chef-d'œuvre ? Le grand Rudolf Noureev, danseur étoile et fervent défenseur de l’école française de ballet, nous livre sa chorégraphie de Don Quichotte, d’après le classique de Cervantes. Non content de signer cette version spectaculaire du célèbre ballet de Gorski et Petipa, il incarne le rôle de Basilio aux côtés des danseurs du prestigieux Australian Ballet dans une mise en scène exaltante au comique décomplexé.

À travers une exagération assumée du geste, celui que ses contemporains surnommaient le « seigneur de la danse » s’attache à rendre à cette histoire toute son essence satirique, la rapprochant ainsi d'une commedia dell’arte. Il endosse lui-même le rôle de « maître de cérémonie brillant, rapide et bondissant, qui court d'un bout à l'autre du ballet » (selon Alexander Bland).

Entrée au répertoire de l’Opéra de Paris en 1981, cette pièce en trois actes et un prologue s’impose comme un incontournable du genre. La partition originale est arrangée à la demande de Noureev par le chef d’orchestre John Lanchbery, dans une version plus pétillante et ambitieuse, à laquelle quelques compositions nouvelles sont ajoutées. Dans les pas gracieusement légers de Lucette Aldous (Kitri) et Robert Helpmann (Don Quichotte), ce Don Quichotte est une explosion de couleurs chatoyantes et de tableaux exquis !