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Claudio Abbado dirige la Symphonie n° 2 de Beethoven

Orchestre philharmonique de Berlin

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Abbado et l'Orchestre Philharmonique de Berlin dans l'intégrale des symphonies de Beethoven : au tour de la Deuxième…

 

Le point de non retour ou la Deuxième symphonie

 

« Monstre mal dégrossi…, rageant, frappant en vain autour de soi de sa queue agitée… » : c'est par ces termes qu'est accueillie la publication de la partition de la Symphonie n°2 en ré majeur op.36 créée le 5 avril 1803, à Vienne. Écrite en 1802, année de crise où la surdité de Beethoven s'aggrave subitement, l'œuvre ne porte aucun stigmate de ses souffrances. Au contraire, la symphonie préférée de Debussy éclate de la puissance du rythme beethovenien. Elle est, d'après le musicologue anglais Grove, « le point culminant de l'Ancien Régime, de Haydn et Mozart ; point dont Beethoven va partir vers des régions où personne avant lui n'avait même rêvé de s'aventurer. »

« Avec Beethoven, on n'a jamais fini d'apprendre »

C'est ce qu'affirme Claudio Abbado qui a sans cesse remis sur le métier l'œuvre symphonique du maître de Bonn (1770-1827). Même s'il a été directeur de la Scala pendant plus de quinze ans, ce qui lui a valu la renommée d'un chef d'opéra hors pair, le répertoire allemand et viennois lui est familier depuis ses études auprès de Hans Swarowsky à Vienne.

Il fait ses premières armes de chef à la Scala à vingt-sept ans, à l'occasion du tricentenaire d'Alessandro Scarlatti. Puis, c'est le Premier Prix au Concours Mitropoulos à New York, l'invitation de Karajan à diriger à Salzbourg et ses débuts devant l'Orchestre Philharmonique de Vienne avec la Deuxième Symphonie de Mahler. C'est avec ce même orchestre qu'il enregistrera de 1985 à 1988 sa première intégrale des symphonies de Beethoven.

Ses relations avec la formation viennoise connaissent des hauts et des bas, contrairement à celles qu'il noue avec l'Orchestre Philharmonique de Berlin en 1966. Trente ans plus tard, en 1989, il prendra la succession de Karajan à la tête de la prestigieuse phalange, poste qu'il conservera jusqu'en 2002. Avec les musiciens berlinois, il enregistre pour la seconde fois l'intégrale des symphonies de Beethoven (Deutsche Grammophon, 2000) puis la donne en concert à l'Académie Sainte Cécile de Rome du 5 janvier au 15 février 2001. C'est cette série mémorable que nous retrouvons ici.

Ce monument auquel est tant attaché Claudio Abbado, Beethoven l'a bâti en moins d'un quart de siècle, de 1799 à 1823 : il écrit la Première symphonie à trente ans, la Neuvième à cinquante-quatre.

Si ce monument est imposant, il est familier : les symphonies de Beethoven représentent dans la musique occidentale ce qui parle le plus immédiatement au public le plus large. Pour cette raison, elles ont été largement utilisées à des fins politiques (l'Ode à la joie de la Neuvième est l'hymne officiel européen), commerciales (la publicité) ou cinématographiques (Orange mécanique de Stanley Kubrick, entre autres).

Symboles de liberté, actes d'indépendance, elles représentent un formidable pari sur la dignité de l'homme, qui, en retour, se reconnaît en chacune d'elles. C'est ainsi qu'Abbado dirige ces symphonies, avec une majesté qui préfère le sublime à l'émotion immédiate. Et grâce aux sonorités inouïes qu'il tire de l'Orchestre Philharmonique de Berlin, la beauté devient une victoire de l'homme.

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