De la maison des morts de Janáček

Le metteur en scène Frank Castorf « aurait pu naître pour monter De la maison des morts » (Opera Today). Son adaptation graveleuse et visuellement saisissante ajoute d’audacieuses notes modernes et post-modernes au chef-d’œuvre de Janáček, le tout sans éclipser les intenses élans de la musique. La direction musicale de ce casting munichois de prestige est assurée avec une dramatique perfection par Simone Young.

Janáček a adapté Dostoïevski pour cet opéra irrésistible, dont l’action se déroule dans un camp de prisonniers en Sibérie, rempli de motifs et d’atmosphères extrêmement contrastées, et inhabituel par sa structure épisodique. Dernier opéra jamais composé par Janáček, dont le troisième acte se trouvait sur son bureau à sa mort en 1928 ; les nombreuses tentatives de ses élèves d’« achever » son orchestration ont été déchues au cours des décennies, à la faveur de sa version originale. Malgré un décor sinistre et la brutalité de certains des personnages, la compassion du compositeur est mise au jour par des moments de tendresse, illustrant avec émotion son dicton concernant cette œuvre: « dans chaque créature, un étincelle divine ».